Cet article est le troisième d’une série sur les 5 chantiers de la transformation de la formation.
Après avoir envisagé les fondations d’une pratique pédagogique performante (articles 1 et 2), nous allons maintenant aborder le chantier 2, à savoir comment exploiter les possibilités du digital learning dans un parcours de formation. C’est à dire mettre le digital learning au service du learning et pas l’inverse.
Qui suis-je pour parler du digital : je suis un Geekus Prime, qui joue à de nombreux jeux et au jeu vidéo depuis des siècles, qui possède un compte Steam depuis le début de Valve, qui utilise le digital en formation depuis des années, qui se forme avec les moocs, les tutos, les cours en ligne, les réseaux,… qui utilise un LCMS (e-doceo), qui a un compte Kindle fourni, qui participe à des Meetups, qui a créé son premier serious game en 1997, qui intervient sur la gamification pédagogique (pas les badges), qui pilote des projets faisant intervenir des modalités digitales, qui accompagne des Directions Formation dans la transformation …
… et je ne confonds jamais ce que j’aime avec ce qui est utile pour les participants, et ce qui est nouveau avec ce qui est nécessaire pour l’efficacité d’un parcours de formation.
Au milieu du bruit ambiant et de l’infobésité sur le digital learning, je vous propose donc ma vision en tant que praticien de la formation et designer pédagogique pour de nombreux clients.
S’il est compliqué de gérer des données, accompagner des humains est vraiment complexe, et il ne suffit pas de proposer que des modalités digitales pour y parvenir. En bouleversant certaines habitudes, le digital est un vrai changement pour les acteurs de la formation en présentiel, mais l’arrivée du digital dans le learning doit aussi être un vrai changement pour les acteurs du digital.
En intégrant le numérique dans les parcours de formation, et même si digitaliser toute la formation est à la mode, le digital learning est ainsi une nouvelle modalité, mais non pas une finalité.
La méthode Assimil pour apprendre une langue existe depuis 1929, les vidéos de formation sont disponibles depuis des décennies. Ce qui change aujourd’hui, c’est la facilité pour les produire (webcam, smartphone), pour les diffuser (YouTube, plateforme dédiée), pour le transmettre (4G, WiFi, fibre, ADSL …) et pour les regarder (pc, smartphone et tablette)
Avec le mobile learning, le social learning, le microbyte learning, ce miracle annoncé de l’autoformation, nous sommes entrés dans l’âge des promesses miraculeuses qui désolent les vrais experts du digital learning. C’est l’âge du « N’Importe Quoi Learning » : un outil, une méthode, un principe soi-disant formidable mêlant digital et neurosciences destiné à révolutionner la formation, alors qu’il ne s’agit que d’une modalité de plus à utiliser.
Après la mode de l’entreprise libérée, c’est maintenant le tour de la mode de la formation libérée, avec la fin du présentiel et des formateurs, un monde libre où des super-participants évoluent à leur guise. Si c’est pour être libéré des managers qui ne managent pas et des formateurs qui débitent du contenu et du slide, alors je dis oui ! Dans le probable cas contraire, et comme apprendre à apprendre est une compétence qui s’apprend et pas uniquement dans le numérique, cela risque surtout de créer de nouveaux problèmes. Sans bien entendu résoudre les anciens, comme par exemple réussir à développer les compétences de tout le monde et pas uniquement celles de sur-diplômés qui imaginent que savoir est suffisant.
L’objet de ces articles n’est pas de revenir sur les avantages, limites, rêves, … du digital learning mais de bien formaliser comment bien utiliser les possibilités offertes par le digital dans un parcours de formation
Nous nous focaliserons tout d’abord sur la complémentarité entre le direct (en salle ou via une classe virtuelle) et le différé (tutoriels, parcours individuels, applications smartphone, moocs, serious games…). J’aborderai plus en détail le digital dans le présentiel dans un autre article.
Dans tous changements, il existe 4 grandes façons de réagir, et je vous propose de les aborder l’une après l’autre. Il faut d’abord sortir du déni est regardant la réalité (pas celle présentée par ceux qui ont à perdre ou à gagner) et le futur proche (ce qui s’annonce)
Être en déni, c’est faire comme si la transformation n’existait pas, comme si elle n’impactait pas la formation (« Il y aura toujours besoin de se voir »), comme si on n’était pas touché (« Mon sujet ne sera pas touché car … »), comme si il suffisait d’attendre pour que l’état précédent revienne (« C’est une mode qui va passer ») …
Or le digital est là, il est partout autour de nous, sur nos smartphones, dans nos tablettes … il remet en question tous les modèles de formation, et surtout fait briller les yeux de ceux qui ne connaissent pas la pédagogie et qui pensent encore qu’il suffit de montrer de façon attrayante un contenu pour former …
Pour rappel, dans les années 2000, le tout e-learning s’est écroulé en impactant les autres modalités ! Si les experts de la pédagogie laissent le digital learning uniquement entre les mains des commerciaux, ingénieurs et développeurs, il y a réellement un risque majeur que le même effondrement se produise, alors même que le digital est un vrai plus quand il est correctement utilisé.
Toutefois, ce n’est pas parce que le digital learning existe, qu’il est la solution à tout et qu’il remplace tout :
Donc, il faut envisager les nouvelles possibilités que le Digital met à notre disposition, que ce soit en présentiel ou à distance, en direct (synchrone) ou en différé (asynchrone) :
Mais, rappelons-le, ce n’est pas parce que le digital existe, qu’il faut absolument tout chambouler.
C’est pourquoi, après « Sortir du Déni face à la transformation », nous verrons dans un prochain billet : Digital learning : Sur quoi faut-il résister ?
A suivre dans un prochain billet : Digital learning : Sur quoi faut-il résister (4) ?
Voir les autres billets de la série :
Autres articles :
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