Est-ce que partager, c’est s’appauvrir ?

  Jérôme Bocquet
  4 juillet 2017

Remarque d’un participant du meetup « Réinventer la formation en présentiel » : « A chaque atelier, tu donnes plus que tu ne reçois, finalement, tu pourrais faire payer et je viendrais quand même » (reprise à peu près fidèle de la remarque initiale)

C’est vrai que je présente des outils, des méthodes, des jeux, des astuces, des retours d’expérience, c’est vrai que j’aime partager mon point de vue sur les réseaux sociaux, mais en faisant cela est-ce que je m’appauvris ?

1) Dans un réseau, il faut donner sans vouloir recevoir

J’ai toujours fonctionné en réseau, bien avant que les réseaux sociaux existent. C’est grâce à Philippe un copain joueur de jeux de rôles comme moi qu’on a finalement créé Eikos et plein de jeux, c’est grâce à des formateurs généreux (merci Martine et Gérard !) que j’ai beaucoup appris, c’est en partageant avec Jean-Claude qui m’appelait pour Polaris, un de nos jeux sur la conduite de projet, que j’ai ensuite récupéré un associé, c’est en lisant des articles et en confrontant mes idées que je progresse …. donc j’ai toujours beaucoup reçu et ça continue tous les jours (merci Laetitia …) …

2) Il y a une différence entre la connaissance, la pratique et l’expérience.

Les cuisiniers le savent bien, ils écrivent des livres sur leurs recettes, certains même montrent comment faire et leurs établissements sont quand même pleins. Et plus ils montrent, plus ils réussissent. C’est simple, il ne suffit pas de voir faire ou de lire pour être capable de reproduire ce que des années de pratique et d’expérience ont apporté.

Avant faire était suffisant, maintenant se cantonner à ça est un danger mortel.

  • Si je ne dis rien, je suis maintenant perçu comme n’ayant pas de valeur,
  • Si je parle d’une méthode ou d’un outil que tout le monde connait, j’ai un peu de valeur,
  • Si je parle d’un truc nouveau ou peu connu, j’ai de la valeur mais comme informateur pas comme pratiquant
  • Si je parle de ma pratique de la méthode, de ce que j’ai découvert, de ce qu’elle me permet, j’ai beaucoup de valeur,

Donc quand je partage mon expérience, je montre que j’ai de la valeur (même si je ne montre pas tout !!!)

Point que je n’imaginais pas avant de poster, j’apprends beaucoup sur ma pratique en l’écrivant pour que d’autres la lisent. Donc quand je partage, je reçois aussi autant que je donne

3) Je connais ma valeur ajoutée, ce n’est pas le savoir ou la connaissance, c’est mon expérience et ma capacité à :

  • Regarder un déroulé pédagogique, en voir les failles et comment les combler,
  • Lire un slide et identifier ce qui doit rester et ce qui doit partir (en annexes ou dehors)
  • Prendre une modalité pédagogique ou ludique, la modifier, l’enrichir, la compléter pour la mettre en œuvre au bon moment avec le bon dosage,
  • Accompagner des experts, des formateurs, des managers et les faire grandir sans les rendre dépendants de moi,
  • Actualiser ma pratique au quotidien sans jamais tomber dans le piège de l’innovation inutile tout en remettant en question mon point de vue
  • Réussir un projet de conception pédagogique avec de nombreux acteurs

Et comme je m’enrichis à chaque partage, je continue (tant que je gagne, je joue !!!)







1 commentaires

  1. Bonjour, il y a en effet une différence de taille entre prendre de l’information ou des conseils et être en capacité de les mettre en pratique.
    Une personne qui connaît sa valeur ajoutée ne craint en effet pas de donner, et ne craint pas la compétition. Paradoxalement, je crois aussi que le partage est une manière de s’enrichir, car comme vous le suggérez, il permet de valider ses propres compétences.
    Merci tout de même pour votre vraie générosité, et vos inspirants partages.
    Bonne continuation,
    E

Les commentaires sont fermés.