Les outils pédagogiques « innovants » sont à la mode : Mobile learning, boitiers de vote augmentés (Klaxoon, Kahoot!…), micro learning, serious games, escape games, réalité virtuelle, parcours digitaux (avec ou sans LMS), ateliers collaboratifs …
C’est la jungle et il est parfois difficile de trouver son chemin !Question posée par de nombreux clients : « Est-ce que …. est un vrai plus pédagogique ou juste un effet de mode ? ».
Je sens qu’ils se méfient des discours commerciaux, ont eu une mauvaise expérience et surtout souhaitent connaitre nos retours d’expérience !
Pour répondre, il faut revenir sur ce qui s’est passé avec des outils pédagogiques qui furent « innovants » tel que le vidéo projecteur, les boitiers de vote et le jeu pédagogique :
- Les vidéos projecteurs (barco et autres …) et leurs logiciels (Keynote, Powerpoint, Prezi, Sway…) : ils promettaient des séquences animées et passionnantes. En réalité, il y a eu la production de montagnes de slides (300 slides, taille 9 en 3 heures), des animations inutiles (images animées, tableaux qui virevoltent), …
- Les boitiers de vote : ils promettaient (déjà) une interactivité, de la vie … En réalité, il y a eu des formations avec quiz de 100 questions ou une fois dans la journée pour rentabiliser le matériel, ou en mode compétition (être le premier à répondre, aucun intérêt pédagogique), …
- Le jeu pédagogique : il promettait des expériences, de l’émotion, de la sensibilisation, de l’implication … En réalité, il y a eu les clones de Trivial Pursuit (jeu à durée indéterminé avec questions aléatoires et qui n’agit que sur la connaissance), les jeux faits par des agences de com et sans intérêts pédagogiques ou des jeux pour jouer et qui n’apportent rien, …
Belle différence entre la promesse et la réalité. Dans les 3 cas, ce n’est pas l’outil qui est responsable, mais ses usages. Quelques slides utiles soutiennent l’attention et aide l’animation, les boitiers permettent de créer de l’interactivité avec des grands groupes et le jeu bien utilisé est un outil puissant.
Risques principaux avec les outils pédagogiques « innovants :
Sur l’outil :
- L’effet démo : lors de la présentation par le vendeur, l’outil parait facile, puissant, évident, de plus « les neurosciences prouvent que … » sauf que l’outil est limité, peu ergonomique, lourd … il va falloir investir du temps pour se l’approprier.
- L’effet « présentation de l’outil » : la formation à l’outil se résume souvent à une présentation de l’outil et pas à une formation ou un accompagnement à comment l’utiliser concrètement (formation à l’outil et pas à l’usage)
- L’effet « haut de l’armoire » : A cause des 2 effets précédents, l’outil n’est pas utilisé et prend la poussière en haut de l’armoire (fin de l’histoire !!!!)
Sur les usages :
- L’effet basique : il est exploité uniquement pour des fonctions basiques (le SMS qui s’affiche durant la présentation, la question à 2 balles : « la vente c’est bien, si oui taper 1, si non taper …. », le jeu pour faire passer la pilule) et donc très vite banalisé
- L’effet techno : la première fois, il étonne : « Waouh, c’est cool de cliquer », cet effet s’estompe très vite pour devenir « il faut encore cliquer … »
- L’effet feu d’artifice : l’outil devient la finalité, le but est de faire « moderne » au détriment des buts opérationnels et pédagogiques à satisfaire
- L’effet routine : Le même outil est utilisé pour toutes les formations (« ça fait 5 fois que je fais le nuage de mots, y en a marre »)
Mais, le pire, c’est de mal l’utiliser ou de n’utiliser que 10% des potentialités de l’outil
Quelques conseils :
Sur l’outil
- Se constituer une solide boite à outils composée d’outils robustes et éprouvés et s’en servir (« Pour quelqu’un qui n’a qu’un marteau, tous les problèmes sont des clous »). Avant de chercher l’outil innovant, il y a déjà des marges de progrès énormes sur l’utilisation des basiques (ex : un jeu n’améliore pas une formation mal construite).
- S’assurer que les compétences pédagogiques de vos concepteurs et formateurs sont à jour et qu’ils sauront utiliser le nouvel outil
- Analyser chaque outil innovant et identifier ses forces et faiblesses, conditions d’utilisation, temps pour se l’approprier… et surtout s’assurer que les prestataires savent réellement s’en servir et qu’ils pourront vous accompagner.
- Choisir l’outil pédagogique innovant le plus efficace en lien avec votre besoin reél et l’usage que vous allez en faire et avoir prévu du temps pour savoir s’en servir (la fameuse montée en compétences)
- Le plus efficace, est d’ailleurs de se faire accompagner par des guides expérimentés (comme nous !!!) qui sauront vous aider à réussir
Sur les usages
- Partir des objectifs, des résultats à produire, du contexte et de la culture des participants et jamais de l’outil.
- Construire un déroulé tenant compte des neurosciences (attention, émotion, interactivité, mémorisation, charge cognitive …), mais aussi de l’expérience de formateurs aguerris
- Identifier l’activité pédagogique, l’outil et la méthode, les plus adaptés à chaque séquence pour produire les résultats attendus dans le temps imparti (de plus en plus court).
- Alterner les moments d’usages de ces outils avec d’autres modalités pédagogiques aussi puissantes (existantes ou créées sur mesure).
- Prévoir un déroulé précis et s’appuyer sur des animateurs chevronnés qui sauront en temps réel le faire évoluer.
En conclusion, s’il est nécessaire d’avoir les bons outils et de régulièrement compléter votre boite à outils, ce qui fera la différence, c’est la façon dont vous les utiliserez réellement … et c’est bien en partant de la valeur d’usage et pas de l’outil que vous trouverez votre chemin dans la jungle des outils pédagogiques innovants.
D’ailleurs, notre communication la plus récente illustre ce point
Je compte réaliser plusieurs articles, vidéos et webinaires sur les différents outils et leurs usages efficaces, quels sont ceux, d’après vous à traiter en priorité ?