Être un early adopter des serious games, bien ou pas ?
Le 27 août, j’ai gagné une nouvelle bougie 🎂. L’avantage d’avoir quelques heures de vol, c’est de pouvoir regarder dans le rétro, avant de repartir de plus belle.
Je pratique depuis longtemps des sujets qui n’étaient pas à la mode quand je les ai rencontré : le jeu (de rôles, vidéo, …), le jeu pédagogique, la gamification … Pour ceux qui les découvrent aujourd’hui, c’est nouveau, c’est innovant, c’est évident, c’est cool et ils ont l’impression que le sujet a démarré quand il est devenu à la mode (mainstream).
Bien souvent, le sujet a existé pendant des années avant de percer au grand jour (d’ailleurs de nombreux sujets ont disparu à tout jamais en chemin). Dans d’autres cas, il revient à la mode, comme le jeu pédagogique ou le digital learning (le sujet suit plusieurs fois la courbe de Gartner : « C’est quoi, c’est génial, c’est nul, ça marche si …, c’est normal, ça a toujours existé … c’est quoi, c’est génial »)
2 exemples ludiques ou pédagogiques où j’ai été un early adopter :
- En 1981, découverte du jeu de jeux de rôles (Roleplaying game : Donjons et Dragons, l’appel de Cthulhu,…) et ma vie a changé (je joue toujours !), à l’époque, ça sentait le souffre, maintenant les jeux, les jeux vidéo, les serious games et la conception pédagogique l’utilisent à fond (quelquefois trop et mal, je rencontre des participants qui ne veulent plus de jeux de rôle)
- En 1992, premiers serious game avec plateaux et pions (Mémoires d’éléphant, la Hutte du chef, les Marchands de Venise …). A l’époque, c’est la mode du Trivial Pursuit (un jeu pédagogique pas terrible !!!), des jeux qui durent des heures et des pédagogies du détour (théâtre, clown, contes, …). Vers 2012, le serious game (souvent digital) revient à la mode comme s’il était nouveau (pour info, le terme existe depuis 1970)
- Ca continue après 1992 avec d’autres sujets : les principes agiles (pas les méthodes), l’entreprenariat, la pédagogie active, … !!!
Bref, tout ça pour dire que j’ai été (je ne suis pas le seul, mais nous étions peu nombreux) un innovateur ou un early adopter sur la pédagogie active, la gamification, le serious game, …
Est-ce un avantage ou un inconvénient d’être en avance ? Ça dépend de comment on s’en sert !
- Si c’est pour dire : « Je sais », « Je vous l’avais bien dit », « J’avais raison », « On ne m’a pas écouté »… c’est le syndrome du vieux c…, et c’est un inconvénient, car on reste tourné vers le passé.
- Si c’est pour dire, comme certains fans de musique : « Quand ce groupe était méconnu, c’était bien car pas commercial, maintenant c’est de la soupe », c’est une erreur, car on peut continuer à évoluer et à bien faire, il faut juste ne pas céder à la facilité car c’est la mode et se renouveler constamment
- L’inconvénient, c’est qu’on prêche dans le désert. Au début, je devais convaincre mes interlocuteurs de l’intérêt d’utiliser le jeu pédagogique. Maintenant, c’est l’inverse, je dois souvent les convaincre d’enlever, de réduire ou de modifier des jeux qui sont peu utiles (Dans une formation, le jeu est un moyen et pas le but).
- L’inconvénient majeur, si on ne fait pas attention, c’est qu’on peut se faire dépasser par des nouveaux entrants. Pas sur la compétence et l’expertise, mais sur les actions de communication et le pitch. Alors que vous dites : « le jeu est un outil parmi d’autres et il faut en mettre une dose raisonnable dans un vrai dispositif », le nouvel entrant va mettre en avant les miracles que son jeu amène et en quoi jouer est formidable. Les clients qui connaissent peu le sujet, sont séduits par ce type de discours avant de déchanter et risquent de dire que la gamification pédagogique, ça n’apporte rien.
- L’avantage majeur quand vous avez de l’avance, c’est que le jour où un sujet (re)devient à la mode et que tout le monde en parle (comme la gamification), vous évitez les erreurs des débutants parce que vous les avez déjà faites et en avez tiré de l’expérience utile.
Comment faire pour garder de l’avance (attention, liste à la Prévert !!!) :
Ne pas chercher à être à la mode, être curieux, essayer, tester, combiner des idées, ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, abandonner un sujet et le reprendre plus tard sous un autre angle, ne pas chercher la perfection et préférer le petit truc utile, être à l’écoute des signaux faibles … Et surtout résister à la résistance naturelle au changement en explorant en permanence son environnement, mais aussi résister à l’engouement sans réserve « c’est génial » sans avoir identifié les impacts du changement.
Pour enfin ne pas répondre à la question initiale « Early adopter, bien ou pas ? », je dirais « Pour moi, oui, mais ça dépend :):):) !!! »
Et vous, à votre avis, quels sont les sujets sur lesquels vous êtes des early adopters, qui sont peu connus ou regardés de haut et qui pourraient devenir à la mode … ?